Sur la route de la soie (partie 1).
La première étape sur la route de la soie nous a amené à DunHuang (墩煌) , à l'extremité nord-ouest de la province du Gansu. Signifiant "grand" et prospérité", elle se situe à 1100 mètres d altitudes, aux portes des provinces chinoises du Xinjiang, Qinhai, Mongolie intérieure et de la Mongolie. Mais elle est surtout située en plein désert, Gobi à l'est, et taklamakan à l'ouest. De part sa position hautement stratégique à la jonction des deux pistes de la route de la soie, Dunhuang était une passe obligatoire pour les commerçants venant d'Asie mineure et d'Europe. Outre son rôle commercial, Dunhuang était également une ville d'échange culturelle où se mêlaient chrétiens, bouddhistes, musulmans...c est par Dunhuang d'ailleurs que le bouddhisme indien a fait son entrée en Chine, avant d'être "sinisé" par la suite.
Petit rappel historique sur la route de la soie et la ville de Dunhuang.
Entre le mont congling à l'ouest et le corridor de hexi à l'est, Dunhuang était donc une passe stratégique et très difficile d'accès. Cependant, les terres y étaient fertiles ce qui en faisaient une oasis en plein désert. Une oasis qui a compté jusqu'à 116000 habitants en 756, soit à peu près le même nombre d'habitants qu'aujourd'hui. La route de la soie étant la route obligatoire pour tous les commerçants, et compte tenu de la position de la ville, cette dernière, transformée en préfecture en 711, devint la douane de tous les produits rentrant en Chine. Comme nous le disions en introduction, outre l'aspect commercial de cette route, son ouverture a également permit un épanouissement culturel de la Chine. Ce qui n'a pas manqué d'apporter des grands changements et de grandes portées au peuple chinois. Religieux comme on l'a vu, avec notamment l'entrée du bouddhisme, mais également au niveau social et politique.
Suivant la voie d'enrichir le pays (ce qui ne manque pas de rappeler le mot d'ordre de Deng Xiaoping "enrichissez vous") décidée par l'empereur Wudi des han de l'ouest, les empereurs de toutes les dynasties d'après les Sui ont continué d'ouvrir la route de la soie. Ce qui permit de développer les territoires de l'ouest de l'empire, de renforcer les échanges entre la Chine et l'étranger, ainsi que de faire prospérer les bassin des cours moyens et inférieurs du fleuve jaune, bref de rééquilibrer les richesses du pays entre l'ouest et l'est (notons encore ici la volonté actuelle de l'état chinois de réaliser le même rééquilibrage). On peut d'ailleurs fixer l'apogée de cette cité sous les Hans et les Tangs. On verra ainsi apparaître à la cour de ses derniers, coutumes, vêtements, musiques et danses provenant directement des territoires de l'ouest.
Trésors artistiques, trésors religieux, trésors historiques et enfin trésors géologiques, mettons nos pas sur l'une des routes les plus mystérieuses, la plus legendaire et sans doute la plus fascinante et mystique qu'il n est jamais était tracée. Suivons cette caravane fantôme qui nous conduira au travers de désert, de haut plateau, de grottes et d'oasis.
Les dunes de MingSha, "sable chantant", l'oasis de source éternelle ou "du croissant de lune" et le désert de Taklimakan.
Les dunes de l'ouest du désert de Taklimakan ont une structure particulière qui leur ont donné le nom de "sable chantant". En effet, lorsque le sable glisse du haut des dunes, celui ci produit un bruit, un crissement particulier assez fort, qui donne une impression de cris. Les dunes de Dunhuang sont les plus célèbres, de part leur couleur jaunes, ocres, rouges, vertes et noires, et surtout les plus hautes! Ce sable aux cinq couleurs scintillent differement suivant la chaleur et l'orientation du soleil. Certaines de ces atteignent 250 mètres de haut! Benoîtement, nous nous rappelions des images du désert saharien, lors de reportage ou de compétition comme l'ancêtre du Paris-Dakar version Thierry Sabine. Nous nous rappelions ces images de voitures filant sur des dunes qui semblaient assez "dures", d'une trentaine de mètres. La hauteur de celles ci et leur structure fut donc notre première surprise. Une escalade éprouvante, dans un sable très meuble, ou l'on peut s'enfoncer jusqu'au genou en sortant des "crêtes". Mais quel spectacle! Et quel silence! Juste le bruit des pas crissant dans le sable, et le bruit du sable dévalant la pente sous nos pas...Par gravité, le jour, le sable dévale donc du haut de ces dunes immenses. Et le soir, les vents forts qui soufflent en rafale, les remonte en haut de ses dunes. Ce va et vient incessant dure depuis des siècles, et les dunes n'ont jamais changé de place, ni de physionomie.
Autre curiosité des dunes de Dunhuang, c est le lac du croissant de lune. Lac en plein milieu du désert! Une étendue d'eau de 100 mètres de long, 25 mètres de large en son point le plus grand et 5 mètres de profondeur. Spectacle fascinant au milieu de ce paysage lunaire, il existe depuis des millénaires, ne s'est jamais asséché ni jamais ensablé. Phénomène incroyable lorsque l'on sait que le taux d'évaporation est ici 100 fois supérieur à celui des précipitations! Sur sa rive méridionale, des temples taoïstes avaient été construits, au cœur de la verdure et des arbres. Un contraste frappant au milieu de ce désert et de ces dunes intimidant.
Laissons donc là "la mer de la mort", surnom donné par les ouïghours au Taklamakan, l'un des desert de sables le plus etendu au monde. Faisant donc ainsi mentir la legende ouïghoure selon laquelle, celui qui y rentre n'en ressort pas. Et continuons notre pérégrination, plus à l'est cette fois, du côté de la Mongolie intérieure et le désert de gobi et le plateau de yadan, plaines argileuses et caillouteuses, en laissant derrière nous ces cités légendaires, dont les rues étaient pavés, disait-on, d'or, et que les dunes ont définitivement englouties...